Togo : les assassins du colonel Bitala Toussaint Madjoulba  condamnés 

Publié le 8 November 2023

Dans un tribunal quadrillé par les forces de sécurité, le jury n’a pas suivi le réquisitoire du procureur. Le général Abalo Kadangha, ancien chef d’état-major général des forces armées togolaises, le caporal chef Songuine Yendoukoua, chauffeur du défunt, et le colonel Kodjo Ali ont été condamnés à vingt ans de prison pour le premier et 15 ans de réclusion pour les deux autres. Le parquet avait demandé des peines de cinquante et quarante ans d’emprisonnement. Le commandant Balakyème Bouwè, commandant de l’unité de sécurité militaire et la soldate Laletou Akouna ont eux écopé chacun de cinq ans de prison. Les cinq condamnés tous militaires sont reconnus coupables de complicité d’assassinat, entrave au bon fonctionnement de la justice et complot contre la sûreté intérieure de l’Etat. Ils sont destitués et perdent leur qualité de militaires. Tous les cinq sont également condamnés à payer 1 franc symbolique à la famille du feu colonel Bitala Madjoulba  et solidairement à verser à l’État togolais, la somme de 1 milliard de francs CFA pour préjudice. Le lieutenant-colonel Senam Agbonkou, ancien commandant en second du colonel Bitala Madjoulba et le commandant Kpatcha Atèkpè, adjoint au commandant de l’unité de sécurité militaire sont acquittés

Le colonel Madjoulba, l’ex-commandant du premier bataillon d’intervention rapide (BIR) avait été retrouvé assassiné avec sa propre arme dans son bureau de Lomé, quelques heures après avoir assisté à l’investiture de Faure Essozimna Gnassingbé. Il avait été retrouvé, au matin du 4 mai, gisant dans un bain de sang. 

L’assassinat du colonel Madjoulba, réputé proche du président togolais et dont le frère, Calixte, est devenu ministre de la Sécurité début septembre, a défrayé la chronique tant en raison de la personnalité de la victime, que de celle des accusés. En raison aussi des dissensions internes à l’armée que ce dossier a mis à jour. L’enquête en elle-même a duré près de trois ans. Des experts balistiques ont été sollicités, des commissions rogatoires ont permis l’audition de plusieurs militaires et le code de justice militaire a été révisé.

Dorcas GANMAGBA