SÉNÉGAL: VERS UNE RÈGLEMENTATION DU SECTEUR DE L’ORPAILLAGE.

Publié le 20 October 2022

Il s’avère que 90 % des mines d’or artisanales du Sénégal atteignent clandestinement le Mali. Dakar cherche à réguler les lacunes de l’industrie.

Falone AZINLO

C’est un projet que tous les Pays du Sahel s’efforcent de mettre en œuvre, le Sénégal y compris. À cause du constat peu audible : seulement 10% environ de l’or produit par les méthodes traditionnelles dans le pays passe par les guichets agréés par l’État. Par conséquent, seuls 10%s peuvent donc être taxés à l’exportation. D’une manière clandestine, le reste part au Mali et dans une moindre mesure guinéenne. Un larcin due au prix attractif et facilité par la proximité géographique des zones dorées du Sénégal avec la frontière malienne.

En effet, grâce au système industriel, le Sénégal produit environ 13 tonnes d’or par an. Nonobstant, l’essentiel des quatre tonnes d’or provenant des mines artisanales du pays s’est évaporé. Dès lors, les autorités compétentes souhaitent aujourd’hui réglementer et formaliser ce domaine. Les collectionneurs maliens achètent souvent pour 80 ou 90% du prix mondial, même si l’or n’est pas pur. Ils peuvent se permettre d’acheter en gros. « Ils récupèrent ensuite une marge suffisante, via des petits arrangements localement ensuite au Mali », explique Cherif Sow, consultant international en exploitation minière artisanale et à petite échelle d’or (Emape).

Un rapport fournit au ministère sénégalais la semaine dernière recommandait la suppression de la taxe à l’exportation introduite en 2018 comme solution. Le taux de 4%, est l’un des plus élevés dans la sous-région. Cela n’a évidemment pas apporté les recettes fiscales espérées, mais a également contribué à la fuite de l’or. « Sa suppression est une doléance des acheteurs d’or de la ville de Kédougou qui la vivent comme un handicap » déclare Cherif Sow, auteur principal du rapport.

Le Togo voisin teste une solution radicale en n’imposant pas de taxe à l’exportation sur l’or. Une mesure qui explique sans doute pourquoi le pays est devenu l’un des principaux exportateurs d’or de la région sans en produire. Face aux disparités et aux défis posés par la ruée vers l’or dans la région ouest-africaine, la Cédéao travaille depuis des mois pour réguler l’industrie.