Rwanda : Laurent Bucyibaruta condamné à 20 ans de prison

Publié le 14 July 2022
Rwanda : Laurent Bucyibaruta condamné à 20 ans de prison

L’ancien préfet rwandais, Laurent Buciybaruta, a été condamné, ce mardi 12juillet 2022, par la cour d’assises de Paris à 20 ans de prison pour complicité de génocide en rapport avec le massacre des Tutsis en 1994.

Par Nadège Amoussou

Près de 28 ans après l’extermination des Tutsis au Rwanda, Laurent Buciybaruta, à l’issue de deux mois de procès devant la cour d’assises de Paris a été condamné à 20 ans de prison. L’ex-préfet rwandais a été déclaré coupable, en tant que complice de génocide et de crime contre l’humanité. Les charges retenues contre lui concernent les tueries commis sur le site de l’école technique de Murambi, à la paroisse de Cyanika et celle de kaduha ainsi que trois gigantesques tueries qui se sont soldées par 100.000 morts environ en une seule journée, le 21 avril 1994.

De même, il a été déclaré complice pour le meurtre des élèves du groupe scolaire Marie-Merci, le 7 mai 1994 à Kibeho, comme pour les exactions commises au niveau des barrières érigées dès début avril 1994. 

Néanmoins, Laurent Bucyibaruta a été acquitté des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité en tant que concepteur surtout pour des faits commis à la prison de Gikongoro et à la paroisse de Kibeho.

Pour ces derniers massacres qui ont eu lieu au début du génocide, la cour a estimé manquer d’éléments sur son niveau de connaissance de l’ampleur du projet génocidaire à ce moment-là. A cet effet, le président de la cour d’assise a déclaré après de dix heures de délibérations : « pour la paroisse de Kibeho comme pour le massacre des détenus tutsi à la prison de Gikongoro, nous ne disposions pas d’éléments suffisants » pouvant justifier son implication. 

Pour Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CRPC), l’acquittement de Laurent Bucyibaruta pour les tueries de la prison de Gikongoro et de la paroisse de Kibeho est une véritable déception. 

Avant que les magistrats et les jurés ne se retirent pour délibérer, l’ancien préfet a tenu à s’adresser aux rescapés du génocide : « je voudrais leur dire qu’il ne m’est jamais venu à l’esprit de les abandonner aux tueurs ». « Est-ce par manque de courage ? Est-ce que je pouvais les sauver ? Ce sont des questions, même des remords qui me hantent depuis plus de 28 ans », a déclaré l’accusé qui vit en France depuis 1997.