RDC-Rwanda : “Deux visions irréconciliables” selon Pierre Boisselet

Publié le 13 July 2022
RDC-Rwanda : "Deux visions irréconciliables" selon Pierre Boisselet

Entre Kinshasa et Kigali, la lune de fiel laissera-t-elle place un jour à la lune de miel? La question mérite sérieusement d’être posée depuis la résurgence du mouvement rebelle congolais, le M23, et nonobstant le tête-à-tête Félix Tshisekedi-Paul Kagame du mercredi 06 juillet. 

Par Roland Achille DIDE

Après la rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Luanda, le mercredi 06 juillet dernier dans l’optique de baisser la tension entre la RDC et le Rwanda, les accusations ont repris de plus belle. Chacun des deux pays a sa propre version de ce qui a été convenu sous la médiation de João Lourenço, le président angolais. 

Aussi, dans un entretien accordé à RFI ce 13 juillet 2022, Pierre Boisselet, le coordonnateur d’Ebuteli, l’Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, estime que les deux pays ont une vision différente de la crise qui les oppose.

“Pour le gouvernement rwandais, le M23 est une rébellion congolaise et donc le seul moyen pour résoudre ce problème c’est que le gouvernement congolais négocie avec le M23. De l’autre côté le gouvernement congolais estime que le M23 n’est rien d’autre qu’une agression du Rwanda, et donc pour le Congo la priorité c’était que le Rwanda admette son rôle dans cette crise. Il y a aussi une perception différente du rôle que jouent les FDLR, la rébellion rwandaise présente dans l’Est du Congo. Du côté du Rwanda, on considère que c’est toujours une menace existentielle alors que côté congolais, on convient que c’est un groupe armé dangereux, certes, mais qui semble être moins urgent à traiter que le M23. Donc on a ces deux visions, je dirais assez irréconciliables de la crise pour l’instant, et on ne sait même pas finalement ce qui précisément a été signé et convenu à Luanda à ce stade, c’est possible en fait que les discussions aient été engagées, mais qu’il n’y ait pas encore eu de conclusion véritablement” à déclaré à RFI le coordonnateur d’Ebuteli.

A la question de savoir pourquoi les forces armées de la RDC ne parviennent pas à déloger le M23 des zones qu’il occupe alors qu’elles bénéficient de l’appui de la Monusco, Pierre Boisselet estime que non seulement “le M23 a un comportement assez différent de la plupart des autres groupes armés dans l’Est de la RDC”, mais aussi que “les FARDC et la Monusco ont des défaillances structurelles”. Alors que les autres groupes armées préfèrent esquiver les offensives de l’armée congolaise, le M23 qui se comporte comme une armée étatique arrive non seulement à les contenir mais aussi à gagner des positions. Cela suppose en conséquence qu’elle dispose d’une grande puissance de feu ajoute le coordonnateur d’Ebuteli.

Source: RFI