RCA: L’EVENTUALITE D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION CREE DE VIVES OBJECTIONS DANS LE CAMP DE L’OPPOSITION

Publié le 21 September 2022

L’actuel Président de la République de la Centrafrique, Faustin Archange Touadera, a mis récemment en place un comité dont la mission principale est de rédiger une nouvelle Constitution qui serait soumise à referendum. Cette “nouvelle Constitution” remplacera celle sortie en 2016, courant années de transition. L’opposition, n’étant pas d’avis, reproche au chef de l’État de tenter briguer un 3e mandat fin 2025 en voulant changer le présent texte au pouvoir. Elle a donc saisi la cour constitutionnelle. Celle-ci, devra rendre son verdict les jours à venir.

Par Falone AZINLO

En République centrafricaine, tous les regards et attentions se focalisent désormais sur la perspective d’une nouvelle constitution. Il serait possible que la décision de la cour constitution engendre des débordements et des agressions au vu des multiples discours haineux et des fausses nouvelles qui circulent sur les réseaux sociaux.

POURQUOI CHANGER LA CONSTITUTION ?

« Fidèle à mon engagement républicain, je ne saurais rester insensible à la demande pressante de mon peuple de se doter d’une nouvelle loi fondamentale. J’ai noté que la majorité de nos compatriotes estiment que notre corpus juridique ne doit pas être immuable ». Affirme le Président centrafricain. Il a fait savoir qu’il s’est penché sur la « volonté populaire » qui se formulerait par le vœu de nouvelles réformes à travers des marches, des pétitions et réunions publiques.

« Nous, maintenant, les progressistes, on dit que nous voulons une nouvelle Constitution qui reflète nos réalités sociales, économiques, environnementales. Nous voulons une Constitution évolutive pour permettre à la République centrafricaine de se développer. En 2016, il n’y a pas eu cette opportunité. Il n’y a pas eu cette occasion. C’est juste un groupuscule de scientifiques qui se mettent quelque part et ont rédigé cette Constitution. Alors, cette fois-ci, ce sera la Constitution du peuple. » A déclaré Me Héritier Doneng, leader du Front républicain converti dorénavant en parti politique.

UNE DECISION QUI N’EST PAS DIGERÉ DE TOUS

« Cette question de révision constitutionnelle, puisqu’elle n’a pas été traité en mettant autour de la table toutes les forces vives de la nation, ça crée un malaise, un souci. Ce que veut faire le président Touadéra aujourd’hui est ni plus ni moins une tentative de contestation illégale du pouvoir, et donc de liquidation des institutions de la République ». Explique le porte-parole du G-16, une plateforme de la société civile.

De même, les partis politiques d’opposition s’interrogent sur la motivation et les réelles intentions du Président. « Dans toutes les déclarations officielles du président Touadéra, il n’a jamais dit que certaines dispositions de la Constitution l’empêchaient d’exécuter le mandat sur lequel il s’est engagé devant le peuple centrafricain. Je pense que tout le monde sait que le pouvoir veut un troisième, puis un quatrième mandat, pour des raisons inavouables. » Explique Martin Ziguelé.

Dans le même temps, un autre clan de l’opposition se demande pourquoi faudra-t-il changer la Constitution maintenant alors qu’il reste plus de trois ans de mandat au chef de l’État ?

LA DEFENSE DU POUVOIR

En guise de réponse face à ces multiples attaques, le ministre conseiller spécial du chef de l’État, Fidèle Gouandjika, rappelle que les gardiens du texte n’hésitaient pas auparavant à le remettre en question. « Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Cette Constitution a des limites. Beaucoup d’articles de cette Constitution ne donnent pas la possibilité au pays d’émerger. La Constitution a été décriée et querellée par l’opposition, par des éminents professeurs en droit. Mais c’est au peuple de décider de son sort. » A-t-il déclaré.

Le verdict de la Cour Constitutionnelle est donc attendu de tous avec impatiente. Pour l’instant, chaque parti défend son point de vue soit par des avertissements, soit par des menaces.

Le Président de la république déclare que : « La Constitution du 30 mars 2016, vous le savez, ne confère ni au président de la République, ni à une autre institution, le pouvoir de se dresser devant la souveraineté populaire, de limiter ou d’empêcher l’exercice de cette souveraineté. » Tandis que les opposants du projet pensent que passer outre une décision défavorable de la Cour constitutionnelle sera considéré comme un « coup d’État » par les Centrafricains et la communauté internationale.