MAURICE: LE PRESUMABLE MEURTRE D’UN GUERRIER DE LA COALITION AU POUVOIR EBRANLE LE PAYS

Publié le 21 October 2022

L’achèvement de l’enquête judiciaire sur l’éventuel assassinat d’un combattant d’un parti au pouvoir a non seulement provoqué de vives critiques contre la police, mais aussi profondément déconcerté les autorités mauriciennes. Les révélations médiatiques, cette semaine, des soi-disant “Kistnen Papers” ont agité le pays. Les partis d’opposition ont organisé mardi un rassemblement devant le Parlement. Ils ont dénoncé des “assassinats politiques” et soutenu qu'”une ligne rouge a été franchie” car de telles pratiques sont inhabituelles à celles adaptées au Pays.

Falone AZINLO

Deux ans passés déjà (18 octobre 2020) que le corps sans vie et partiellement brûlés de Soopramanien Kistnen, un militant du principal Parti au pouvoir, le mouvement socialiste, a été retrouvé dans un champ de canne à sucre à Moka. Comme par hasard, selon son entourage, quelques jours plus tôt, l’homme de 52 ans avait menacé de révéler les faits de la corruption présumée et de la fraude électorale au sein de la coalition au pouvoir, notamment dans la circonscription du Premier ministre Pravind Jugnauth, et de deux de ses hommes qui occupaient également une fonction ministérielle. La majorité a fermement démenti tout lien avec cette affaire. Cependant, la vitalité de la théorie d’un suicide éveillera de profonds soupçons. Les preuves de l’enquête judiciaire révélée par Radio Plus, la station la plus écoutée à Maurice, ont suscité de nouvelles polémiques depuis vendredi.

« La Justice doit triompher, la vérité, c’est la volonté du peuple », affirme Arvin Boolell, député du Parti travailliste et ancien ministre des Affaires étrangères, pour qui, démêler un assassinat peut être politique et une enquête au point mort.

Mardi dernier, la police s’est mobilisée pour disperser une manifestation devant le bâtiment du gouvernement. Le rapport d’enquête menée par un juge a non seulement accusé la police de négligence dans cette affaire, mais a également blâmé la majorité des membres, en particulier Yogida Sawmynaden, ministre du Commerce, qui avait été obligé de démissionner de ses fonctions lorsque l’incident a éclaté deux ans auparavant.

« Il a eu ingérence politique pour empêcher la police de faire son travail comme il le faut. L’enquête aurait dû être terminée. La personne dont le nom a été citée, M. Sawmynaden, aurait dû être convoquée par la police. On attendait aussi qu’il y ait des charges formelles » Poursuit Arvin Boolell, député du Parti travailliste et ancien ministre des Affaires étrangères.

Mais « à qui faire confiance si la police et les autres institutions sont tellement infectées de l’intérieur » s’interroge Transparency Mauritius. L’organisation de lutte contre la corruption remarque que les nouvelles révélations médiatiques ont généré « une tempête politique, institutionnelle, mais aussi morale dans le pays ».

De son côté, le Premier ministre Pravind Jugnath a indiqué à l’Assemblée nationale que l’enquête policière est toujours en cours et que la police fera connaître sa position après consultation de la justice. Le procureur général Maneesh Gobin a déclaré que la Commission anticorruption menait une deuxième enquête.