Mali : une transition qui annule des élections et dissout l’Observatoire pour les Elections et la Bonne Gouvernance

Publié le 30 December 2023

Les autorités maliennes de transition ont-elles dissout l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, faute de s’attaquer à la trentaine d’organisations rassemblées au sein de la Mission d’observation ? 

Au début du mois de décembre, Ibrahima Sangho qui préside l’Observatoire, affirmait dans la presse qu’il était possible de tenir rapidement la présidentielle censée clore la période de transition et demandait aux autorités de fixer une nouvelle date. Mais Il y a quelques semaines, la junte a décidé de reporter les élections prévues en février 2024 et censées mettre fin à la transition.

Lors d’un référendum constitutionnel, Ibrahima Sangho avait rendu public le constat fait par les dizaines d’observateurs déployés dans le pays, sur le fait que le vote avait été empêché, par les rebelles du CSP, dans la région de Kidal. En contradiction avec l’Aige, Autorité indépendante de gestion des élections, organe officiel en charge de la tenue du scrutin, qui avait assuré, garantissant ainsi sa validité, que les Maliens avaient pu voter sur l’ensemble du territoire. L’Aige avait communiqué ses chiffres pour tout le pays, sauf pour la région de Kidal. 

Dans cette histoire de dissolution, deux raisons sont invoquées par les autorités de transition : la première, c’est que l’Observatoire n’aurait pas communiqué ses sources de financement à l’administration, comme la loi l’exige. La deuxième raison soutient que le président de cette association s’adonne à des déclarations de nature à troubler l’ordre public, en pronostiquant même sur le taux de participation au référendum de juin 2023. 

La question c’est pourquoi cette décision plusieurs mois après les faits ? Il pourrait s’agir d’une manière de réprimer de la liberté d’opinion du concitoyen malien. Les maliens s’accommoderont-ils durablement de cette liquidation systémique des libertés individuelles et collectives ? Combien sont-ils à accepter cet état de fait ? 

Dorcas GANMAGBA