MADAGASCAR: TUERIE D’IKONGO

Publié le 8 November 2022

JEAN-BRUNELLE RAZAFINTSIANDRAOFA FORMULE LE VŒU D’UNE OUVERTURE D’ENQUETE PARLEMENTAIRE

Le député d’Ikongo, Jean-Brunelle Razafintsiandraofa, a appelé lundi 7 novembre à une enquête parlementaire sur la tuerie d’Ikongo pour rendre justice. Au total, 69 personnes auraient été abattues récemment par des gendarmes, selon des informations.

Falone AZINLO

Près de 3 mois depuis le drame. Actuellement, la seule enquête que la police semble mener est de déterminer exactement si les gendarmes ont agi en état de légitime défense.

En effet, la caserne de la gendarmerie d’Ikongo a été assaillie par une foule en colère exigeant qu’on fasse venir deux suspects, récemment arrêtés, suite à l’enlèvement d’un enfant albinos le 29 août dernier. Cela était dû aux rumeurs circulant selon lesquelles les détenus avaient été libérés, puis les tensions ont augmenté. Ensuite, la gendarmerie a abattu 23 civils sur place.

« La gendarmerie et la police nationale ont pris l’initiative d’ouvrir une enquête, mais en tant que victimes, il est très difficile d’accepter le résultat d’une enquête menée par des gens que nous soupçonnons d’être auteurs de ce massacre. Et jusqu’à maintenant, aucune enquête n’a été ouverte au niveau du parquet. Le procureur n’a pas encore pris ses responsabilités. On se sent méprisés et abandonnés par l’État. Que ce soit clair : cette affaire est une affaire criminelle et politique en même temps. Si le régime en place ne veut pas aller dans le sens de la justice, les victimes du district d’Ikongo pourront encore réengager la poursuite après l’élection présidentielle de 2023 parce que l’action publique ne se limite pas au mandat présidentiel actuel », informe Jean-Brunelle Razafintsiandraofa, député d’Ikongo.

Il souligne cependant que le parquet n’a pas pour obligation de se saisir d’office : « Il aurait pu, mais ne l’a pas fait cette fois-ci. L’enquête avance. Mais la région est tellement enclavée que cela prend beaucoup de temps pour réaliser toutes les auditions. »

Une faillite de l’État et de la justice, c’est ce que dénoncent les élus, c’est pourquoi ces derniers ont formellement demandé, lundi, la constitution d’une commission d’enquête parlementaire pour s’assurer que les résultats des sondages sont bons.

De leur côté, les représentants malgaches devront se prononcer mardi prochain sur la possibilité de soutenir la création de la commission d’enquête parlementaire. S’il est approuvé, la mise en place de ce dernier pourrait encore prendre plusieurs mois, quel que soit le bon vouloir des membres du bureau permanent de l’Assemblée nationale.