MADAGASCAR: DECOUVERTES SUR LES INFECTIONS BACTERIENNES NEONATALES

Publié le 29 September 2022

Déjà près d’une décennie que des équipes de l’Institut Pasteur de Madagascar font des recherches liées aux infections bactériennes qui affectent les nouveau-nés durant leur premier mois de vie. Hélas, les résultats que résultent ces études sont inquiétants.

Falone AZINLO

Après des années de recherches, les scientifiques de l’Institut Pasteur de Madagascar ont su que les infections bactériennes néonatales pourraient être source de pathologies mortelles comme la méningite ou la septicémie. En outre, ces affections sont très répandues : « Les chiffres sont très élevés par rapport aux autres pays du monde. On est à 104 enfants infectés pour 1 000 naissances vivantes. Cela signifie qu’un dixième des enfants vont présenter une infection néonatale. C’est très grave. Surtout, on s’est rendu compte que dans 85% des cas, cela survenait la première semaine de vie, rapporte encore Aina Harimanana. Notre deuxième constatation, c’est l’antibiorésistance. C’est-à-dire les agents pathogènes qu’on a identifiés ne répondent pas aux antibiotiques. Pas seulement à un antibiotique. Ça peut être 2 ou 3 antibiotiques. Ce qui est catastrophique dans un pays comme Madagascar où la capacité d’acquérir un antibiotique haut de gamme n’est pas donnée à tout le monde. », affirme Dr Aina Harimanana, chargée de recherche au niveau de l’unité d’épidémiologie et de recherches cliniques de l’institut Pasteur.

Plus loin, Bich-Tram Huynh, médecin épidémiologiste qui a conduit toute l’étude explique  qu’il s’agit d’une réalité qui devrait inquiéter les autorités sanitaires de l’île : « Si l’on veut mettre en place une intervention de santé publique pour diminuer cette incidence, cette fréquence d’infection néonatales, il faut cibler cette période clé qu’est la première semaine de vie, mais également tout ce qui se passe autour de l’accouchement, et notamment l’hygiène. Que la mère ait accouché dans les structures de santé ou à domicile avec des matrones. »

En guise de solution, il propose d’étendre la distribution aux matrones des « clean birth’s kit », premiers besoins de la mère et de l’enfant à l’accouchement (un champ stérile, des gants, de quoi couper le cordon ombilical – pour accoucher une femme dans des conditions hygiéniques.)

Par ailleurs, Bich-Tram Huynh évoque l’utilité de la sensibilisation des jeunes parents aux signes annonciateurs d’une infection bactérienne. Il fait savoir que : « Ces signes peuvent être très subtils. Bien sûr, il y a la fièvre. Mais aussi les pleurs longs, les geignements. Ça doit alerter la famille et la pousser à consulter très rapidement parce que l’infection néonatale, le premier mois de vie, peut dégénérer très vite et causer le décès du nourrisson. »

Cependant, Quels sont les mécanismes de transmission des bactéries à l’enfant ? À quel moment et par qui le nourrisson est-il contaminé ? Sont autant de questions que l’institut Pasteur de Madagascar espère donner une réponse d’ici deux ans.