LIBYE : LA VALSE DIPLOMATIQUE EN FAVEUR DU PROGRAMME ONUSIEN REMISE EN CAUSE

Publié le 10 March 2023

À Tripoli, des représentants de l’Allemagne, des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Italie tentent d’amener toutes les parties impliquées dans la crise politique libyenne à suivre un plan proposé par le représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Abdoulaye Bathily. Mais les camps Est et Ouest de la Libye sont particulièrement opposés au projet.

Falone AZINLO

C’est un véritable ballet diplomatique au chevet de la Libye. Des diplomates américains, britanniques, français, italiens et allemands basés dans la capitale libyenne ont noué de nombreux contacts pour faire avancer le projet des Nations unies d’organiser des élections en 2023. Les diplomates ont cherché à soutenir Abdoulaye Bathily, chef de la Mission d’assistance des Nations unies en Libye (Manul), mouvementée depuis 2011. Le 27 février, au Conseil de sécurité de l’ONU, le Sénégal a proposé d’autoriser des élections présidentielles et législatives tant attendues.

Depuis lors, l’intense activité des ambassadeurs et envoyés des cinq pays à Tripoli vise à pousser les différents dirigeants politiques à faire des concessions afin que des élections d’investiture puissent avoir lieu. Pour la communauté internationale, seules des élections peuvent mettre fin à la période de transition de près de 12 ans.

Malgré la plus grande pression, ces diplomates, comme les Nations Unies, s’opposent à la division de la Libye et des donateurs étrangers. C’est pourquoi l’initiative d’Abdoulaye Bathily le mois dernier n’a guère convaincu. L’est de la Libye l’a accusé d’ignorer l’existence d’un gouvernement nommé par le parlement, tandis que l’Égypte a également rejeté le plan. Le 8 mars, le ministre égyptien des affaires étrangères Sameh Chokri a condamné « le projet d’expulsion de nos frères libyens de leurs institutions ». Il a ajouté que le nouveau mécanisme « obscurcit le contexte et tente de maintenir le statu quo ».

Comme le soutient Abdoulaye Bathily, à l’ouest comme à l’est, il y a ceux qui refusent de gouverner au-delà de l’État. Ils affirment qu’il ne s’agit que d’une répétition du plan de l’ancienne conseillère de l’ONU Stephanie Williams, qui a finalement échoué en décembre 2022. D’autres soutiennent que le Premier ministre qui n’a pas organisé d’élection pourrait rester et organiser la prochaine.

En outre, 52 partis politiques libyens ont condamné leur exclusion du processus politique dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU. Alors qu’ils considéraient l’élection “urgente et nécessaire“, ils ont fait valoir que “faire entrer les chefs tribaux dans la vie politique pourrait entraîner de nouvelles complications car cela impliquerait la tribu”.