Rien de moins que la suspension de la publication des résultats des élections législatives, voilà ce que réclament les deux forces principales de l’opposition sénégalaise que sont les coalitions Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal. En effet, présidée par le président de la Cour d’appel de Dakar, la CNRV doit proclamer ce jeudi après-midi, les résultats des législatives qui font figure de test à moins de 2 ans de la présidentielle. Dans la capitale sénégalaise, les nerfs sont à vif et la tension monte.
Roland Achille DIDE
Au lendemain du scrutin législatif, les deux camps sont vites montées au créneau pour réclamer chacune la victoire. Mais alors que la publication des résultats de ladite élection est prévue pour ce jeudi 4 août, l’alliance formée par les les coalitions Yewwi Askan Wi et Wallu Sénégal vient de passer à la vitesse supérieure en réclamant tout simplement la suspension de cette publication. Et pour cause, elle tient à “relever toutes les irrégularités (…) notées dans les procès-verbaux”. C’est le député sortant Déthié Fall, l’un des leaders de Yewwi Askan Wi qui en a fait expressément la demande. “On demande au président de la Commission nationale de recensement des votes (CNRV) de suspendre la publication des résultats prévue demain (jeudi) pour nous permettre de relever toutes les irrégularités que nous avons notées dans les procès-verbaux”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée le mercredi 3 août à Dakar.
De son côté, l’ancienne ministre et membre de l’alliance de l’opposition, Aïda Mbodj, évoque des “bourrages d’urnes” et des “procès-verbaux préfabriqués et sans signature” émanant de la coalition Benno Bokk Yaakaar dans des localités du Nord du Sénégal, dont Matam, Podor, Ranérou et Kanel, des fiefs du président Sall. Pour celle qui est surnommée ” la lionne de Bambey “, l’enjeu porte sur “200 000 voix”. Elle considère que les déclarations de la coalition présidentielle concernant les chiffres relèvent de la fraude pure et dure. “Le peuple sénégalais s’opposera à cette fraude massive”, a-t-elle assuré lors de la conférence de presse.
“Nous n’allons pas accepter une confiscation de la victoire. C’est une entreprise de fraudes massives orchestrées par des hommes politiques avec certainement la complicité de l’administration” territoriale, a ajouté pour sa part Ousmane Sonko, le chef de l’opposition sénégalaise. Le maire de Ziguinchor demande aussi à ses partisans de se tenir prêts à “défendre leurs votes quoi qu’il en coûte “.
La mouvance présidentielle droite dans ses bottes
La réplique de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yaakaar n’a pas tardé. Tout en estimant que le processus électoral s’est déroulé jusque-là sans contestation majeure, Amadou Sall, son représentant à la Commission nationale de recensement des votes, qualifie les déclarations de l’opposition de ” manipulation “. “La performance de l’opposition ne fait pas d’elle un groupe majoritaire à l’Assemblée nationale. Nous avons la majorité, même si elle est réduite “, a-t-il reconnu.
Notons que 7 millions de Sénégalais étaient appelés à voter dimanche 31 juillet 2022 pour renouveler les 165 sièges de l’Assemblée nationale. Selon le ministère de l’Intérieur, le taux de participation était de 47 %. Alors qu’elle avait obtenu 125 sièges lors des précédentes élections législatives de 2017, Benno Bokk Yakaar est actuellement au coude à coude avec l’opposition selon des chiffres publiés par la presse locale.