Le lamba : une identité malgache

Publié le 11 July 2023

Les designers malgaches se retournent vers cette étoffe longtemps boudée par la jeunesse sous l’impulsion d’une nouvelle génération soucieux de s’identifier à ses origines. Le Lamba réinvestit donc le vestiaire contemporain de la mode.

Ils sont de plus en plus nombreux ses créateurs et entrepreneurs malgache soucieux de révéler l’originalité et l’unicité de leur patrimoine vestimentaire.

« Je suis fière d’être une femme malgache à la tête d’une marque de vêtements malgaches conçus à Madagascar », scande Tania Andriamanga.

 A seulement 28 ans, cette entrepreneuse créé Andria, un jeune label de vêtements revisitant le lamba dit « arindrano », tissu traditionnel de l’île rouge. Jupes tissées à rayures colorées, frangées et fendues, crop tops incrustés de boutons en palissandre – essences de bois poussant à Madagascar – chemises en lin brodées à la main… Voici les quelques pièces de sa première collection baptisée Taniko, qui signifie « ma terre ».

Des noms qui vendent Madagascar !

Pour Tania Andriamanga, le nom de sa marque n’a pas été choisi par hasard. Derrière cette marque se cache la volonté, pour la créatrice née à Madagascar de valoriser un patrimoine qu’elle a mis, un temps, entre parenthèses.

« En m’éloignant de mon pays, j’ai ressenti de la nostalgie à mesure que je grandissais, confie-t-elle. J’ai alors voulu avoir une influence positive en mettant en avant ma culture à travers une démarche écologique », détaille celle qui revalorise le lamba en utilisant des fins de stocks provenant de la principale usine textile du pays.

Tania travaille avec des tisserands installés dans le sud de l’île et trois ateliers implantés à Tananarive : l’un dédié à la confection et à la broderie, et les deux autres aux techniques de modelage plus complexes pour les combinaisons et tops.

Lamba n’est pas que mode ! C’est aussi art plastique !

Le plasticien malgache Joël Andrianomearisoa, 45 ans, est sans doute l’un des premiers artistes de renommée internationale à avoir puisé dans son patrimoine culturel pour revisiter le lamba au moyen d’installations textiles monumentales nappées d’un noir profond, présentées lors de manifestations comme la Biennale de Venise (2019). Inaugurée ce 8 juillet dans le centre d’art Hakanto Contemporary qu’il a ouvert à Tana, l’exposition Lamba Forever Mandrakizay rend précisément hommage au lamba (Jusqu’en octobre 2023) – en écho à l’exposition Lamba du musée de la photographie de Tana.

« Joël fait un travail remarquable, mais il appartient à une autre génération qui ne fait pas de sa culture un étendard. Celle-ci apparaît de manière discrète et naturelle dans ses œuvres », note le jeune graphiste.

Nelly BEHANZIN