JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA

Publié le 1 December 2022

LES PERSONNES TOUCHÉES PAR LE SIDA ENCORE TRÈS STIGMATISÉES EN AFRIQUE

En Afrique, malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation sur la question par des organisations non gouvernementales, les personnes vivant avec le VIH/SIDA continuent d’être victimes de discrimination. 

Falone AZINLO

Le VIH/SIDA reste un sujet tabou en Afrique. Pour la plupart des gens, les personnes atteintes de ce mal sont des “pécheurs” sans morale. Le plus triste de tout, ce sont souvent les chefs et les chefs religieux qui répandent la mauvaise publicité sur les personnes atteintes de cette maladie : « Dans l’imaginaire collectif, le VIH est associé à l’immoralité, aux rapports sexuels hors mariage. Les gens le considèrent comme un tabou, ils ne sont pas assez éduqués. Même les professionnels de santé portent de faux jugement. Ils considèrent par exemple qu’une jeune fille ou un jeune garçon peuvent ne pas être en âge d’avoir le VIH. Les gens perdent toute motivation à se faire soigner et refusent les traitements de peur d’être stigmatisés », explique Nelson Otwoma, PDG de Nephak, un réseau national d’autonomisation des personnes vivants avec le VIH à Nairobi.

Le sexe n’est cependant pas le seul moyen de contracter le VIH/SIDA. C’est le cas de Oscar Ewaa, qui a contracté la maladie par contamination sanguine lorsque sa tante aujourd’hui décédée l’a intentionnellement contaminé : « Je n’avais que 7 ans, se souvient-il. Elle m’a coupé pour que je saigne, puis s’est coupée elle-même. Elle voulait me contaminer. Parce que peu de temps après qu’elle m’ait adoptée, son enfant, qui avait mon âge, est mort. Son mari a donc fait l’amalgame et m’accusait d’être responsable du décès de son enfant. », Commence alors son chemin de croix : « Ma famille m’a rejeté, j’étais obligé de faire les poubelles pour manger, je dormais avec les poules dans la cuisine, j’ai fini par faire la manche dans les rues. En Ouganda, une fois que vous êtes séropositif, c’est difficile de trouver un emploi. »

PLUS D’UN TIERS DES PVVIH SONT AU CHÔMAGE 

Comme le rapporte l’enquête menée par le réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP), la majorité des personnes vivant avec le virus dans des pays comme la République démocratique du Congo n’est pas socialement intégrée en raison de la discrimination sociale des normes et influences des croyances religieuses : « La stigmatisation et la discrimination touchent presque chaque domaine de la vie des personnes vivant avec le VIH. Elles entravent leur accès au traitement, à leurs droits de base, à l’emploi, ou même leurs interactions avec leurs pairs », déclare Omar Syarif, coordinateur de l’indice au sein du GNP+.

Dans la sous-région de Lango dans le nord de l’Ouganda, Oscar a lancé une campagne de sensibilisation pour toucher les jeunes : certains avaient arrêté leurs traitements sous la pression de leurs pasteurs : « Nous avons enterré quatre jeunes séropositifs. Ils sont morts parce qu’ils croyaient en une guérison divine, alors j’ai décidé de lancer cette campagne pour les encourager à prendre leurs médicaments avec la même ferveur que celle avec laquelle ils priaient Dieu. » 

Autre problème, « personne ne finance des programmes pour lutter contre cette stigmatisation, On finance les traitements antirétroviraux, mais aucun bailleur ne donne des ressources pour des programmes de sensibilisation pour que les communautés sachent comment éviter la stigmatisation. »

LE PROCESSUS D’INTÉRIORISATION DES PREJUGES

Les principales populations victimes de la stigmatisation sont des prostituées, des toxicomanes et des femmes non mariées ; à toutes ces populations, on reproche leur style de vie : « Pour surmonter certains de mes problèmes personnels liés à la stigmatisation et à la discrimination, j’ai dû d’abord me convaincre que j’avais les mêmes droits que n’importe qui. Ça veut dire ne pas avoir honte de mon statut sérologique. Aujourd’hui, je prends mon traitement, j’ai une famille et je peux parler ouvertement avec mes proches de ma séropositivité. Une fois que vous avez fait la paix avec vous-même, alors ce sera pour vous plus facile de surmonter la stigmatisation qui vient des autres. », explique Oscar.

Selon les données de l’ONUSIDA, le Rwanda par exemple, compte aujourd’hui 94 personnes séropositives qui connaissent leur statut, dont 93% sont suivies et 91% n’ont pas de charge virale détectable.