Gabon : 12 ans de réclusion criminelle pour l’Ex-DG de la compagnie nationale des hydrocarbures

Publié le 22 July 2022
Gabon : 12 ans de réclusion criminelle pour l'Ex-DG de la compagnie nationale des hydrocarbures

12 et 10 ans de prison, c’est le verdict prononcé par la Cour criminelle spéciale de Libreville respectivement à l’encontre de l’ancien directeur général de Gabon Oil Company et de son adjoint. Poursuivis pour détournement de fonds, complicité de détournement de fonds et blanchiment de capitaux, Christian Patrichi Tanasa et Jérémie Ayong ont été jugés lors d’un procès qui s’est étalé sur 3 jours.

Par Falone AZINLO

Après avoir épluché toutes les pièces du dossier de l’accusation, écouté les réquisitions demandant 15 ans de prison ferme assortie d’une amende de 100 millions de francs CFA (environ 152 100 euros) et les plaidoiries de la défense demandant une pure relaxe, la Cour criminelle spéciale de Libreville a rendu son verdict en condamnant l’ancien patron de la compagnie nationale des hydrocarbures à 12 ans de prison. Son adjoint, également poursuivi, écope lui de 10 ans de prison tandis que la troisième prévenue Carelle Ndemengane, trésorière de l’entreprise a été acquittée. La Cour a d’ailleurs ordonné le déblocage de ses comptes bancaires.

En détention préventive depuis deux ans et sept mois, Christian Patrichi Tanasa et son adjoint Jérémie Ayong, sont reconnus coupables de détournement de fonds et blanchiment des capitaux au terme d’un procès qui a tenu en haleine nombre de Gabonais. L’ancien numéro 2 de Gabon Oil Company qui comparaissait libre s’est vu décerner aussitôt un mandat de dépôt synonyme de destination prison pour sa prochaine nuit. 

Outre ces peines de réclusion criminelle, les deux hommes sont solidairement condamnés à verser à l’État gabonais la rondelette somme de 20 milliards de francs CFA. Pour l’avocat de l’État Gabonais, le verdict de la Cour criminelle spéciale est une bonne décision: “Justice a été rendue, on verra la suite. Je trouve que la justice a plutôt été clémente par rapport au réquisitoire du parquet général, d’ailleurs ils ont dit qu’ils ont reconnu des circonstances atténuantes”, s’est exclamé Me Aymard Moutsinga. 

De leur côté, les avocats des prévenus, qui avaient plaidé l’acquittement de leurs clients, n’ont pas tardé à faire part de leur déception. Maitres Charles Henri Gey et Anges Kevin Nzigou tout en dénonçant une parodie de justice ont annoncé leur désir de se pourvoir en cassation. « Ne jugez pas les errements de l’administration gabonaise à travers ces jeunes trentenaires » avait fait remarquer le premier lors de sa plaidoirie. Pour son collègue la Cour criminelle spéciale de Libreville n’a pas été juste dans sa décision: “Je pense que ces gens auraient tous dû être acquittés. Donc je ne me prononce pas sur la peine, le fait qu’ils aient été condamnés est l’expression simple de l’absence de justice dans le pays » a fustigé Me Anges Kevin Nzigou.Notons que durant le procès, le ministère public a reconnu les compétences de bon manager de Christian Patrichi Tanasa pour avoir fait passer le chiffre d’affaires de  Gabon Oil Company de 6 milliards à 44 milliards de francs CFA en une année.  Malheureusement, ce mérite n’a pas pesé lourd devant les accusations d’ordonnancement de dépenses et d’attribution d’avantages et dons sans l’aval du conseil d’administration de l’entreprise.