CÔTE D’IVOIRE : SANTÉ MENTALE

Publié le 27 February 2023

LE TABOU AUTOUR DU SUICIDE SE LÈVE DIFFICILEMENT

A l’initiative de l’ONG GT Fondation, un collectif de psychologues, psychiatres et militants a organisé ce week-end (25-26 février) une conférence de sensibilisation au suicide à l’Hôtel Bushman à Abidjan. C’est un événement rare en Côte d’Ivoire, où les problèmes de santé mentale restent largement tabous. « Un suivi bien nécessaire. », Nour Bakayoko, psychothérapeute.

Falone AZINLO

« Ici, par exemple, on dit : “Si t’es trop fâché, faut te tuer.” On a tendance à tout banaliser en Côte d’Ivoire. Et c’est un des facteurs favorisant toutes les maladies psychiques. Pour quelqu’un qui a vécu la crise de 2002, la crise de 2011 et les différentes mutineries qui ont eu lieu, il y a forcément des séquelles au niveau psychique. Donc, on pense qu’ici, on a beaucoup besoin de thérapeutes, on a beaucoup besoin de suivi. », psychothérapeute Nour Bakayoko.

Malgré le thème particulièrement sombre, les panélistes, professionnels de la santé mentale ou militants ont rappelé que l’Afrique a le continent avec le taux de suicide le plus élevé et que la Côte d’Ivoire est le troisième pays africain dans cette catégorie.

Pour Yasmine Mouaine, psychologue spécialisée en neuropsychologie, les efforts de sensibilisation des experts du domaine et des ONG commencent à porter leurs fruits : « Les mentalités commencent un peu à changer. Les réseaux sociaux démocratisent un peu plus les choses, ça encourage les jeunes et les populations ivoiriennes à consulter. Mais il y a quand même un gros travail de sensibilisation qui doit continuer pour casser les stéréotypes et permettre aux gens de se sentir moins seuls. Il faut croire qu’il y a une réelle souffrance psychologique, mais qui n’est pas entendue, qui n’est pas prise en charge »

Mais pour l’instant, la santé mentale reste un maillon faible de la politique de santé publique de la Côte d’Ivoire : il n’existe que 35 structures de soins généraux sur l’ensemble de la Côte d’Ivoire.