Le procès des accusés de l’attentat de Grand Bassam s’est ouvert au tribunal correctionnel d’Abidjan. En 2016, 19 personnes et trois militaires avaient été tués dans une fusillade dans la station balnéaire, à environ 40 kilomètres à l’est de la capitale ivoirienne. Selon les autorités, l’attentat a été planifié par des terroristes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Falone AZINLO (DOSSIER OU DÉCRYPTAGE)
« Un procès, c’est toujours utile. Ça permet de poser la vérité et d’être tranquille moralement. Il faut que la vérité éclate, que des choses se disent, que les gens parlent pour qu’on puisse prendre plus de mesures de sécurité dans la ville de Grand Bassam. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est utile un procès. Le procès de Sankara, ça fait combien de temps qu’il est mort ? [1987 ndlr] Et aujourd’hui encore, ça continue. » avait affirmé Alassane Dramane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire et directeur du wharf, un hôtel du front de mer aux premières loges ce jour-là.
Le bruit des coups de feu automatiques sur la plage de Grand Bassam résonne encore dans la tête de certaines des années après l’évènement au point où il y en a qui n’attendent rien de la justice. La veuve d’une des victimes de ce drame qui a dû aller en France pour tenter d’apaiser la douleur avait affirmé : « C’est loin derrière. C’est loin et c’est près. C’est près, parce que j’y ai passé 45 ans et j’avais de beaux souvenirs. Cet attentat a tout fait basculer dans mon esprit. S’ils sont jugés, c’est bien, mais s’ils ne le sont pas ? Et si ça ne donne rien, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Quel est le pouvoir que j’ai moi, pour obliger un tribunal de faire son travail ? »
Mais le procès a bel et bien débuté, chose que le procureur de la République du pays, Richard Adou avait promis : « C’est vrai que ça ne ramènera pas les morts. Mais l’idée, c’est de permettre à toutes ces victimes, à leurs parents, de venir aider la justice à se faire, de façon à ce que tous ceux qui auront le dessein de recommencer sachent que, quels que soient les actes qui vont se faire dans la nuit, qui vont se préparer dans le silence, nous avons les moyens de les rechercher de les retrouver et de connaitre le mode opératoire qu’ils ont mis en place. Donc, c’est main dans la main qu’on doit travailler ».
Après plus d’un an d’enquêtes, quatre personnes ont été arrêtées : la personne qui a livré les armes, la personne chargée d’établir le lieu et deux autres qui ont hébergé le commando terroriste. Outre les quatre, il y a un premier suspect : Mimi Ould Baba, soupçonné d’être à l’origine de l’attentat, également détenu au Mali. Il y a aussi Fawaz Ould Check, alias “Ibrahim 10”, qui a été condamné au Mali pour l’attaque du bar-restaurant La Terrasse, puis Kounta Dallah, toujours en fuite au Sahel comme l’un des commanditaires de l’attentat.
Au total, la justice a inculpé 18 personnes pour “actes de terrorisme”, “assassinat” et “détention illégale d’armes”. Mais tous ne seront pas présentés aujourd’hui.
Le premier attentat terroriste de l’histoire de la Côte d’Ivoire
La scène s’était produite dimanche 13 mars 2016lorsque trois assaillants ont attaqué la célèbre plage et ont ouvert le feu sur une foule tuant 19 personnes. Ils ont tiré des AK47 sur tout ce qu’ils ont rencontré. Au milieu de la foule, il y eut d’abord la surprise, faisant que certaines personnes ne s’enfuirent pas, croyant entendre des pétards, puis des secours, et enfin un carnage.
Ils ont eu 45 minutes pour effectuer leurs opérations avant que la police du pays n’intervienne. Les victimes d’aujourd’hui s’indignent de leur lenteur. Cependant, trois terroristes et trois soldats ont été tués.
Parmi les 19 morts figures neuf Ivoiriens, quatre Français, un Libanais, un Allemand, un Macédonien, un Malien, un Nigérian et un inconnu. 33 autres ont été blessés. Parmi les rescapés de cette attaque figurait Patrick Colin, un Français de 64 ans expatrié à Grand Bassam et le patron de l’établissement du bord de mer “La nouvelle Paillote”.