« COMMISSION MÉMOIRE » EN FRANCE

Publié le 1 March 2023

LE CAMEROUN EN COLÈRE  

Les historiens camerounais ont exprimé leur “fureur” après que le président Emmanuel Macron ait nommé deux “présidents” d’un comité mixte d’historiens chargé de faire la lumière sur les périodes tragiques de l’histoire française et camerounaise. La polémique créée par cette décision et ce projet a remis sur le tapis l’initiative du gouvernement camerounais il y a deux ans d’écrire une “Histoire commune du Cameroun”.

Falone AZINLO

Le 23 février 2023, le professeur Daniel Abwan prendra une décision historique en tant que Doyen de la Faculté des sciences sociales et des relations internationales de l’Université évangélique d’Afrique centrale (UPAC). Face à un message électronique et à sa conscience, il doit faire un choix : confirmer son engagement à travailler dans le “Comité du Mémorandum” traitant des activités françaises au Cameroun pendant la période coloniale et après son indépendance à la demande du président français Emmanuel Macron, ou à défaut de le soulever, en raison des développements récents de « ce dossier ».

Selon une annonce faite lors d’une visite officielle à Yaoundé le 26 juillet 2022, l’actuel locataire du palais de l’Élysée a nommé deux “coprésidents” du “comité de commémoration”. L’élection a déclenché “la fureur” à la Société historique du Cameroun (SCH), dont le doyen est président et a signé un communiqué publié le 22 février et diffusé sur les réseaux sociaux. “Nous savions depuis le début que l’annonce du président de la République française à Yaoundé en juillet 2022 était une préparation du carnaval. En effet, le président français s’est permis de confirmer, en présence du président de la République du Cameroun, qu’il formerait une commission mixte d’historiens camerounais et français, sans passer par les États-Unis, pour évaluer l’accord entre les deux. Les partenaires, nous semblent très hautains. On sait aujourd’hui que la fameuse « commission chargée de l’étude des activités françaises au Cameroun pendant la période coloniale et après l’indépendance du pays » comprend « l’historienne Karine Raymondy pour la recherche et la rédaction des études de cas » et l’artiste Blick Bassy pour l’artistique composition pas seulement une insulte aux historiens camerounais », indique le document.

Alors que la critique de la négligence des historiens camerounais par la nomination des “présidents” du “comité de la mémoire” est largement partagée, les universitaires camerounais sont divisés sur les abus. Analysant l’action de cette France qui « promeut ses intérêts », l’universitaire qui a passé plus de trois décennies à dispenser des cours au département d’histoire de l’université de Yaoundé 1, établit les responsabilités : « C’est la France et non pas notre pays qui a pris l’initiative de créer cette commission mixte d’historiens pour faire la lumière sur une tranche d’histoire traumatique partagée par nos deux nations. C’est le gouvernement camerounais qui aurait dû être la source d’une telle initiative mémorielle. »

Cette polémique s’intensifie alors que le Cameroun tente de créer sa propre histoire, ce qui pourrait contribuer à éclairer les zones d’ombre de l’époque sur lesquelles enquête le “Comité de commémoration“. Le “Comité scientifique“, présidé par le ministre de la Culture et des Arts Pierre Ismael Bidoung Mpkwati et les professeurs Daniel Abwa et Julius Ngoh, tous deux historiens respectés, a été constitué pour une durée maximale de deux ans et est renouvelable. Dans la sélection proposée aux “institutions“, dont des juristes, une soixantaine d’historiens, 10 archéologues et un éventail d’archéologues, géographes, historiens du patrimoine, linguistes et anthropologues sociaux ont été contactés. Les prédictions contenaient un travail scientifique divisé en six parties. Depuis, le projet est au point mort.

Le Cameroun est confronté à une vive controverse sur son programme et ses manuels d’histoire actuels. Les historiens regrettent que pendant de nombreuses années, il n’y ait pas eu de livres dans le programme scolaire du secondaire.