BURKINA FASO: LE POINT SUR LES NEGOCIATIONS QUI ONT MENÉ A LA DEMISSION DE DAMIBA

Publié le 3 October 2022

Un peu comme le concept du colonisateur colonisé, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui s’est acquérir le pouvoir par un coup d’État, est tombé à la renverse par un autre coup d’État. Ceux avec qui il partageait son pain, son vin ainsi que son quotidien lui ont retiré son chapeau de leader. Le Mouvement Patriotique pour la sauvegarde et la Restauration lui jette la pierre parce qu’il n’aurait pas respecté selon eux leur seul idéal qu’est : « la restauration de la sécurité et de l’intégrité de notre territoire ». Henri Sandaogo Damiba a déposé les armes trois jours après ce coup d’État dirigé par les hommes du capitaine Ibrahim Traoré. Les démêlés au sein de l’armée semblent s’estomper après 24h d’échanges au siège de l’état-major. Pour le moment, le lieutenant-colonel aurait déserté.  

Falone AZINLO

Loin de libérer les territoires qui étaient occupés, de nouvelles zones sont tombées sous le contrôle de groupes armés terroristes. Notre vaillant peuple a assez souffert et souffre encore” ;

M. Damiba n’a pas respecté le programme de réorganisation de l’armée qu’ils avaient élaboré “de manière concertée” ;

”Le colonel Damiba a persisté dans l’articulation militaire qui a été la cause de l’échec du régime du président Roch Marc Christian Kaboré.” ;

‘La dégradation de la situation sécuritaire qui justifiait notre action a été reléguée au second plan au profit d’aventures politiques malheureuses” ;

”Les actions du Lieutenant-Colonel Damiba nous ont convaincus que ses ambitions s’écartent largement de notre idéal commun” ;

”Les lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu se sont aggravées pendant la transition, compromettant ainsi les opérations stratégiques” ;

”Nous avons assisté une restauration au forceps d’un ordre ancien par des actes qui mettent en péril l’indépendance de la justice et a créé un grave précédent” ; sont autant d’arguments avancés par le clan du capitaine Ibrahim Traoré pour justifier ce coup d’État contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

La réalité étant là, Damiba n’a pas eu d’autres choix que de se résigner et de faire face de son destin. Il y a d’abord eu un heurt entre les partisans du capitaine Ibrahim Traoré (initiateur du coup d’État et actuel homme fort du Burkina Faso) et ceux du lieutenant-colonel Damiba. Finalement, Damiba a renoncé à agir pour éviter que les civils soient affectés. Les chefs religieux et coutumiers dans l’espoir d’amener le calme, ont organisé une assise entre les deux camps rivaux à Ouagadougou dans la matinée du dimanche. De cette assise ressort le renoncement au pouvoir du lieutenant-colonel Damiba afin d’empêcher les affrontements aux conséquences humaines et matérielles graves. Ce dernier a posé 7 conditions que sont :

« La poursuite des activités opérationnelles sur le terrain ;

La garantie de la sécurité et de la non poursuite des FDS engagés à ses côtés ;

La poursuite du renforcement de la cohésion au sein des FDS ;

La poursuite de la réconciliation nationale ;

Le respect des engagements pris avec la CEDEAO ;

La poursuite de la réforme de l’État ;

La garantie de sa sécurité et de ses droits ainsi que ceux de ses collaborateurs »

L’actuel Président du MPSR, le capitaine Ibrahim Traoré aurait accepté ces sept conditions selon les médiateurs.

Tous ces agissements, crises, pièges et débordements auraient déplu à une classe de la haute hiérarchie militaire : « Le Burkina, ce n’est pas ça, déplore un observateur des discussions. Même en temps de crise, on doit rester digne. »

Les autorités coutumières et religieuses invitent les burkinabé au calme, à la retenue et à la prière pour un cadre de vie plus sain et paisible.