Afrique: naissance d’une industrie automobile avec Wallyscar [1/3]

Publié le 28 May 2022
Les frère Guiga, les inventeurs de la marque Wallyscar et la Wallys Iris, en 2016. © Wallyscar
Les frère Guiga, les inventeurs de la marque Wallyscar et la Wallys Iris, en 2016. © Wallyscar

Les constructeurs automobiles africains sont encore peu nombreux à développer des marques et des produits locaux. Ils ont pour nom Mobius, KIIRA motors, Jengu ou encore Wallyscar… Les séries sont limitées et les productions souvent embryonnaires, mais ceux qui se lancent dans la construction automobile en sont persuadés : l’Afrique va suivre le même chemin que la Chine et possédera à terme de grands constructeurs. Focus sur le Tunisien Wallyscar, fondé par les frères Guiga. 

L’industrie automobile peut parfois naître d’une rencontre sur une plage de Wallys et Futuna dans l’océan indien. C’est en effet dans cette île paradisiaque que les frères Zied et Omar Guiga sympathisent avec René Boesch, l’un des concepteurs de la Jeep Dallas, une voiture de plage mythique dont l’usine vient de fermer en France. Séduits par cette voiture, les deux jeunes Tunisiens décident de lancer un modèle similaire avec l’aide de René Boesch, comme le relate Omar Guiga.

Il est venu en Tunisie, on a commencé à discuter. Nous avons repris les bases de la Dallas. En gros, c’était de savoir comment se spécialiser dans une niche automobile – les voitures de plage de type Citroën Méhari qui n’étaient plus produites par les constructeurs. Il y avait une demande. Et nous nous sommes dit : pourquoi pas répondre à cette petite demande. 

Des composants fabriqués en Tunisie

Zied, le diplômé de l’école hôtelière de Lausanne, et Omar, l’étudiant en droit de l’université de Londres, apprennent donc un nouveau métier. Dès 2006, ils lancent un premier modèle : la Wallys Izis, voitures de plage et de bord de mer. Plus de la moitié des pièces et des composants sont fabriqués en Tunisie. 

« Qu’est-ce qui est fait en Tunisie ? Tout ce qui est câblage, la carrosserie, le châssis, les sièges, le vitrage, le réservoir, les pneus, les batteries », détaille Omar Guiga. Puis, il poursuit : « Après, ce qui est importé, c’est la mécanique, les moteurs, les phares, les rétroviseurs, le volant… Finalement pas autant de choses que l’on imagine. Il y a une belle industrie de composants automobiles qui est déjà existante en Tunisie. »

Le succès est au rendez-vous. Deux mille Izis sont fabriquées entre 2008 et 2013 et les voitures se vendent à 80 % à l’étranger. Omar Guiga en tire une fierté légitime. « Il faut savoir que Wallys a été le premier constructeur africain et arabe à exporter ses véhicules en Europe », assure-t-il.

Viser le marché local en plus de l’exportation

À partir de 2019, les frères Guiga décident de passer la vitesse supérieure. Après les voitures de plage, faites sur commande et assemblées manuellement, ils veulent développer une gamme grand public. Naissent alors une citadine, la 619 et un pick-up, la 216. Pour cela, les frères Guiga ont dû faire évoluer leur business model et amener de l’argent frais, comme l’explique Omar Guiga.

À ce moment-là, oui, cela devenait très capitalistique, car nous allions fonctionner avec du stock. Donc, nous avons contacté des fonds d’investissement. Nous avons un fonds d’investissement tuniso-koweïtien qui est entré dans le capital. Ils ont injecté dix millions de dinars, ce qui équivaut à trois millions d’euros. Ce qui nous a permis de construire deux nouvelles usines et de développer ces nouveaux modèles. 

Wallys car, qui emploie plus de 120 personnes à Tunis, espère produire 2 000 véhicules par an. L’entreprise, qui vise désormais le marché local, n’a pas pour autant renoncé à l’exportation et prépare déjà l’avenir avec un véhicule électrique destiné au marché européen.