Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa dans la tourmente

Publié le 25 July 2022
Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa dans la tourmente

Rien ne présageait ce passage dans le creux de la vague pour Cyril Ramaphosa. Accusé, depuis juin 2022, d’avoir dissimulé un cambriolage qui a eu lieu en février 2020 dans l’une de ses résidences, le président sud africain vient de voir l’ANC choisir un représentant régional proche de Jacob Zuma, l’ancien président, dans l’importante province du Kwazulu-Natal ceci à quelques mois des élections au sein du parti historique au pouvoir. 

Par Roland Achille DIDE

Prévues en décembre prochain, les élections internes au Congrès national africain (ANC) devraient permettre au parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin du régime de l’apartheid de décider de présenter ou non Cyril Ramaphosa comme candidat pour un second mandat au scrutin présidentiel de 2024. C’est dire l’importance de cette prochaine conférence élective de l’ANC. 

En effet, plusieurs voix s’élèvent au sein du parti pour réclamer le départ de Cyril Ramaphosa depuis l’éclatement du scandale que constitue la présumée dissimulation d’un cambriolage au cours duquel quatre millions de dollars en liquide, cachés dans des meubles, ont été dérobés, en février 2020, dans l’une des résidences du président sud-africain. Contraint à l’explication, le Chef de l’Etat avait nié, juin 2022, les accusations à son encontre et déclaré qu’il avait les mains propres et que ces fonds étaient privés et non publics dénonçant par la même occasion ce qu’il qualifie de “sales coups” et d'”intimidations” de la part de ses adversaires politiques et surtout ceux qui sont menacés par la lutte contre la corruption. 

Même si en son temps plusieurs observateurs à l’instar de l’analyste politique Daniel Silke avaient minimisé l’impact de cette affaire sur la candidature de Cyril Ramaphosa à la prochaine élection présidentielle, force est de constater que la situation tend à devenir critique pour le président sud-africain. En effet, l’ANC vient de choisir un représentant régional proche de Jacob Zuma, l’ancien président, dans l’importante province du Kwazulu-Natal à l’Est du pays. Il faut dire que le camp Ramaphosa espérait que soit réélu, le week-end dernier, le chef sortant. Mais au bout du compte, c’est son opposant, Siboniso Duma, proche de la faction fidèle à Jacob Zuma, qui a été élu. Ce choix clair met davantage en relief les dissensions au sein du parti, alors que l’ombre de l’ex-président continue à planer au-dessus de la région d’où étaient parties les émeutes il y a un an. 

S’ils sont nombreux les observateurs qui continuent à penser que “la position du président s’est renforcée au cours des derniers mois, car les différentes branches et régions de l’ANC ont tenu des conférences et élu de nouveaux hauts responsables, dont beaucoup soutiennent largement le président”, le chef de l’État sud-africain doit prendre en réalité très au sérieux cette défaite de son camp dans le Kwazulu-Natal. D’autant plus que jeudi dernier, c’est l’ancien président Thabo Mbeki qui s’en est pris à lui publiquement, en lui reprochant son inactivité face au chômage et à la pauvreté endémiques. Sachant que le chef de l’État est aussi critiqué par l’opinion publique pour son silence face aux soupçons de malversations, Thabo Mbeki n’a pas pris de gants pour prédire d’autres mouvements de contestation populaire.

En attendant, Cyril Ramaphosa qui doit plancher prochainement devant la commission de l’intégrité de son parti dans le cadre des élections internes de décembre prochain, s’est contenté, face à ces accusations, d’envoyer des réponses aux questions de la Médiatrice de la République, sans jamais prendre publiquement la parole sur le sujet.