Brazzaville

Publié le 13 September 2022

Les tombes sont recouvertes de moustiquaires dans les cimetières

Devenu très courent au Congo, la plupart des tombes sont recouvertes de moustiquaires. Pour se justifier, les parents des disparus qui s’adonnent à cette pratique avancent que c’est une forme de protection des tombes.

Par Falone AZINLO

« La moustiquaire est installée après la construction de la pierre tombale pour protéger les gerbes de fleurs. C’est pour éviter qu’elles s’éparpillent quand il y a du vent. Ceux qui s’arrêtent à l’étape de la dalle, sans faire la pierre tombale, n’ont pas la possibilité de mettre la moustiquaire » déclare Nadia dont la fonction est la vente des objets funéraires.

Effectivement, les tombes vêtues de moustiquaires sont plus que remarquables dans le quartier populaire nommé Congo-Chine, chose que la majorité des habitants de la capitale congolaise trouve logique : « Après la construction de la pierre tombale, on a l’habitude de laisser des gerbes de fleurs dessus. Pour moi, je pense que la moustiquaire sert à protéger ces gerbes. C’est tout. Je ne vois pas d’autre explication. Sur d’autres plans, je ne pourrais pas expliquer, parce que la moustiquaire n’a rien à voir avec les esprits », Explique Kevin Bandenga, un fonctionnaire venu assister à la levée de corps d’un membre de sa famille.

Par contre, pour les scientifiques, cela semble être une bassesse. Jean-Mermoz Youndouka, Médecin-chef du Programme national de lutte contre le paludisme s’explique en ces termes : « Oui ! Ça nous indigne parce que, comme j’ai l’habitude de dire à ce sujet, nos ancêtres n’ont certainement pas besoin des moustiquaires, mais de nos prières pour les accompagner. Donc, c’est un fait qui nous écœure. Je précise ici qu’il ne s’agit pas des moustiquaires du Fonds mondial (de lutte contre le paludisme, la tuberculose et le Sida) qu’on retrouve dans les cimetières ».

Rappelons qu’avant l’usage des moustiques qu’il y avait un autre moyen de protéger les tombes. « Avant, on mettait des filets. Mais la méthode a changé parce que les pêcheurs volaient ces filets pour aller pratiquer leur activité. Le filet coûte 10 000 francs CFA, au moins. Or, quand il se fait voler une semaine après son installation, c’est une perte énorme. Par contre, avec 1 000 ou 1 500 francs, on peut facilement trouver une moustiquaire sur le marché », explique un gardien du cimetière.