Dieudonné Niangouna : Son œuvre “Fantôme ” mise en voix dans la « Cour d’honneur » au Festival d’Avignon

Publié le 20 July 2022
Dieudonné Niangouna : Son œuvre "Fantôme " mise en voix dans la « Cour d’honneur » au Festival d’Avignon

Il est à la fois auteur, comédien, metteur en scène et dramaturge congolais. Très souvent, c’est dans un langage vif qu’il réalise ses œuvres.  Ce mercredi 20 juillet à 11h, la pièce “Fantôme” de Dieudonné Niangouna est mise en voix à “Ça va, ça va le monde !” la Cour d’honneur des auteurs africains au Festival d’Avignon. Une consécration pour l’artiste congolais.

Par Falone AZINLO

C’est la toute première fois que Dieudonné Niangouna planche sur le thème de la colonisation dans l’une de ses œuvres. C’est aussi pour la première fois que sa pièce “Fantôme” est mise en scène et lue en France. “C’est une initiative que j’aime beaucoup, que j’avais lancée au début et à laquelle j’avais participé pendant longtemps » fait remarquer l’auteur dans le cadre de la dixième édition de la “Cour d’honneur” pour les auteurs africains au Festival d’Avignon.

Dans sa nouvelle pièce de théâtre, Dieudonné Niangouna raconte l’histoire de Hermann, Martha et Maria (un frère et deux sœurs), qui se retrouvent dans un château pour régler la succession de leur père. Un énigmatique personnage qu’ils n’ont jamais véritablement connu et qui est parti chasser le rhinocéros blanc en Afrique. ” Ce sont des gens qui sont bloqués dans un temps qui était passé avant. Ils vivent au présent, mais ils sont redevables d’un passé colonial que leurs parents avaient connu au Cameroun lors de la colonisation allemande. Ils attendent une espèce de graal, une espèce de félicité, parce qu’ils se racontent toujours que c’était eux qui ont fait un travail civilisationnel, un travail de mérite. Ils attendent une forme de reconnaissance. Sauf que, ce qu’ils ne savent pas, c’est que l’histoire du chasseur qui a tué le lapin n’est pas la même que celle du lapin qui s’est fait tuer par les chasseurs. Du coup, ce n’est pas à eux d’avoir un bel héritage. Ils auront un sale héritage. Mais ça, ils ne le savent pas. C’est ce choc qui est bien visible dans la pièce. C’est ce choc qui est traité dans la pièce” raconte l’auteur.

Un parcours ascendant 

Né en 1976, à Brazzaville (République du Congo), il s’inspire de la réalité de son pays natal dans la plupart de ses œuvres. Sachant que le cinéma en général et le théâtre en particulier a besoin d’être écrit, dit et entendu, Dieudonné Niangouna se sert d’images et de formules provenant de sa langue maternelle et orale, le lari, pour inventer un français soutenu et généreux. 

L’artiste congolais n’est pas à sa première collaboration avec Catherine Boskowitz, la metteuse en scène et initiatrice de projets réunissant de nombreux artistes, reconnue pour son esprit d’ouverture. Les deux ont déjà eu à travailler ensemble lors de la première édition de “Ça va, ça va le monde !” en 2013. 

“C’est une sorte de communion avec les spectateurs. Ce qui est très évident quand j’écris une pièce de théâtre ou quand je la joue, c’est de tisser cette communion à travers une fable qu’on raconte aux gens, pour que, évidemment, les gens sortent du théâtre un peu plus sensible qu’ils étaient en entrant” fait remarquer le comédien pour expliquer sa relation avec le théâtre. 

En 1997, Alors âgé de 21 ans, Dieudonné Niangouna crée avec son frère Criss une compagnie de théâtre dénommée “Les bruits de la rue”. Après quelques d’expérience dans le domaine, il fonde le Festival Mantsina sur scène à Brazzaville. En 2005, sa carrière internationale démarre lorsqu’il est choisi avec 3 autres auteurs de théâtre d’Afrique pour être présentés en lecture à la Comédie française, au Vieux Colombier. Deux ans plus tard, c’est le Festival d’Avignon qui l’accueille pour la première fois. Sa carrière prend un coup d’accélérateur en 2013 lorsqu’il devient le premier artiste associé africain dans l’histoire du Festival d’Avignon. D’ailleurs, jusqu’à présent, il demeure le seul.  Plusieurs experts avaient jugé cette décision comme un important signal de reconnaissance envoyé en direction de l’Afrique et des auteurs et artistes africains. 

” Moi, j’étais une exception. En 2013, c’était la première fois qu’il y avait un artiste associé qui venait du continent africain. En 2007, quand je jouais Attitude Clando dans ce Jardin de la rue de Mons, j’étais le premier artiste, créateur, auteur et metteur en scène, pas comédien, qui venait du continent africain, qui jouait dans le In du Festival d’Avignon. Mais, ce sont des particularités. Et je n’aime pas prendre des particularités pour des généralités. Ce n’est pas parce que j’étais artiste associé, que cela veut dire que maintenant un éclairage est fait sur les artistes noirs en France ou en Europe et que la situation est réglée. Non. Donc, je suis très loin de tirer une conclusion” tient à souligner, cependant, Dieudonné Niangouna.