Afrique de l’Ouest : Le conflit Russie-Ukraine aggrave l’insécurité alimentaire selon la FAO

Publié le 20 July 2022
Afrique de l’Ouest : Le conflit Russie-Ukraine aggrave l’insécurité alimentaire selon la FAO

Dire que la guerre Russo-ukrainienne n’est pas sans conséquence sur le reste du monde est assurément un doux euphémisme. Nombreuses sont en effet, les populations qui se retrouvent démunies et fragilisées par cette crise. Pour le chef du bureau sous-régional Afrique de l’Ouest et Sahel de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), plus de 40 millions de personnes n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins quotidiens.

Par Falone AZINLO

À n’en point douter, la crise ukrainienne a de graves impacts sur la production agricole dans l’espace CEDEAO. La Russie et l’Ukraine sont, en effet, deux pays qui approvisionnaient la sous-région d’au moins 50% de ses besoins en denrées alimentaires. Pour Robert Guei, chef du bureau sous-régional Afrique de l’Ouest et Sahel de la FAO, cette situation conjoncturelle aggrave davantage le problème de l’insécurité alimentaire dû à la pandémie de la COVID-19 et à l’insécurité présente dans la zone. 

“Nous avons entrepris récemment une étude, et l’étude a mis en évidence le niveau de dépendance directe dans les domaines de l’engrais, du blé, des huiles végétales, etc. Mais l’étude a aussi mis en évidence les effets indirects de la crise ukrainienne sur l’inflation, la dépréciation des monnaies et des risques économiques. Quand on ajoute à cela l’aggravation de la situation de l’insécurité alimentaire qu’on avait, alors la situation est beaucoup plus compliquée. Il y a un déficit de 1,2 à 1,5 million de tonnes d’engrais dû à la crise et ceci correspondra à près de 20 millions de tonnes de céréales de déficit qui constituent environ un quart de la production de 2021 qui était de 73 millions de tonnes” a déclaré Robert Guei lors d’une interview accordée à RFI.

Cependant, les États ouest africains ne sont pas restés insensibles à cette situation. Des mesures auraient été prises pour atténuer l’impact de cette crise. Ainsi, tout en faisant remarquer que certains pays ont dû réduire leurs importations en ce qui concerne plusieurs céréales et que les bailleurs de fonds n’ont pas tourné dos aux Etats de la sous-région, le chef du bureau sous-régional Afrique de l’Ouest et Sahel de la FAO invite les dirigeants à  diversifier les sources d’importation. Pour Robert Guei, “il faut faire même un investissement immédiat dans l’agriculture, de sorte qu’aujourd’hui les États puissent produire ce qu’ils mangent, et qu’ils puissent manger ce qu’ils produisent. Et donc pour cela, avoir une politique d’achat et de distribution d’engrais dans l’immédiat, c’est ce que nous proposons, et nous travaillons déjà avec les États pour ça. Faire en sorte qu’on mobilise les semences de qualité immédiatement pour la distribution, les outils de production, et puis les appuis techniques qui vont avec pour pouvoir aider les populations les plus vulnérables qui peuvent produire en contre-saison et pour la saison l’année prochaine”. 

Il ne manque pas d’inviter les États à investir davantage au niveau du développement des chaînes de valeur prioritaires, comme celle du maïs, du riz, du sorgho, du mil, du manioc. Bien évidemment cela passe par des investissements idoines et la formation des producteurs.  A tout cela, il faut ajouter l’amélioration des conditions de transformation et de distribution. C’est la bonne implémentation de toutes ces mesures qui pourrait permettre aux États de la CEDEAO d’aboutir à la souveraineté alimentaire dans la sous-région.