La CEDEAO acte l’existence d’une junte au Niger

Publié le 15 December 2023

Rien ne présageait d’un tel renversement de position de la part de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), surtout après le durcissement de ton qui a sanctionné les travaux de la 64è session ordinaire tenue le 10 décembre 2023. Pourtant, l’institution sous régionale vient de reconnaitre que la page est tournée en Guinée.

Elle en a mis du temps, a essayé d’user de voies diverses, allant des sanctions économiques à des menaces d’intervention militaire, mais rien de tout ceci n’aura suffi à faire fléchir les hommes de la junte nigérienne auteurs du renversement de Mohamed Bazoun depuis plusieurs mois. Cette inflexibilité du pouvoir dirigé par le général Tiani a eu le dessus sur les positions fermes du président en exercice de l’institution et de ses colistiers comme l’Ivoirien Alassane Ouattara ou encore le Béninois Patrice Talon. La CEDEAO vient en tout cas « d’acter », à travers les communiqués issus de sa 64è session ordinaire tenue le 10 décembre 2023, le renversement de Mohamed Bazoum. Même s’il s’ensuit une suspension du Niger de l’ensemble des organes de décision de la CEDEAO, jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays, tout indique pour le moment que les anciennes autorités du pays ne siègeront plus au nom du Niger au sein de l’institution.

Le communiqué issu des travaux de la 64è session, a rappelé les décisions prises lors de ses sommets extraordinaires, tenus respectivement le 30 juillet et le 10 août 2023 sur le Niger avant de « déplorer profondément le maintien en détention du président Mohamed Bazoum », de sa famille et de ses collaborateurs par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et le manque d’engagement de la part du CNSP à rétablir l’ordre constitutionnel.

La CEDEAO demande en tout cas au CNSP dont elle semble reconnaître l’existence désormais, de libérer immédiatement et sans condition le « président » Mohamed Bazoum, et appelle à un dialogue avec le CNSP et les autres parties-prenantes nigériennes, en vue de convenir d’une feuille de route. Son ambition, c’est une transition de courte durée, la mise en place des organes de transition, la facilitation de la création d’un mécanisme de suivi et évaluation de la transition, en vue du rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel.

« Sur la base des résultats des discussions du Comité des Chefs d’État avec le CNSP, la Conférence pourra envisager un assouplissement progressif des sanctions imposées au Niger », indique le communiqué de la CEDEAO. « Si le CNSP ne se conforme pas aux conclusions des discussions avec le Comité, la CEDEAO maintiendra l’ensemble des sanctions, et elle demandera à l’Union africaine et à ses partenaires d’appliquer les sanctions ciblées à l’encontre des membres du CNSP et de leurs associés », précise le texte. A cette 64è session, on a noté la présence du Premier ministre déchu avec le pouvoir Bazoum, Ouhoumoudou Mahamadou.

Jonadeleine TADAGBE