Affaire Sonko : inculpé pour « attentat » et « complot », son avocat Juan Branco a été incarcéré

Publié le 6 August 2023

Juan Branco, l’avocat de l’opposant Ousmane Sonko, a été arrêté et incarcéré samedi. Il était recherché depuis sa participation à une conférence de presse à Dakar, le 30 juillet 2023. Il a été inculpé pour « attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves », ont annoncé Me Ciré Clédor Ly ainsi que les avocats parisiens de Juan Branco.

Selon ses avocats, Branco aurait refusé de boire et de s’alimenter. Il aurait décidé de garder le silence et de n’autoriser personne à l’assister, y compris devant le juge qui l’a inculpé et l’a fait écrouer.  Juan Branco dit avoir été « kidnappé » à environ 100 kilomètres de la capitale mauritanienne, Nouakchott, par des hommes encagoulés sans aucun signe distinctif et qui l’ont blessé aux poignets. Des photos diffusées samedi par la presse locale et sur les réseaux sociaux le montraient à bord d’une pirogue, habillé avec des vêtements de pêcheur de couleur kaki.

Sonko arrêté et emprisonné 

Début juin, Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans une affaire de mœurs. Sa condamnation a engendré des manifestations meurtrières au Sénégal. En réponse, le 22 juin, Juan Branco avait annoncé déposer une plainte en France et demander une demande d’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le présent sénégalais Macky Sall, pour « crimes contre l’humanité ».

Sonko a finalement été arrêté et placé en détention le 31 juillet 2023, pour “appels à l’insurrection et complot” contre l’État. Le gouvernement sénégalais a également annoncé la dissolution de son parti.

Lettre de Sonko depuis sa cellule 

Dans une lettre en date du 03 août 2023, Ousmane Sonko a saisi le greffier en chef du tribunal de Dakar. Dans sa correspondance, le leader de Pastef est d’abord revenu sur les faits : « J’ai été jugé et condamné par la chambre criminelle du tribunal de grande instance hors classe de Dakar, le 1er juin 2023 (jugement numéro 67 statuant en audience spéciale). J’ai été arrêté le vendredi 28 juillet à mon domicile et écroué à la maison de correction de Sébikotane le 31 juillet 2023 ». Il a ensuite introduit sa requête : « J’ai donc l’avantage, depuis cette maison de correction, de vous informer de ma décision et ma volonté de non acquiescement au jugement susvisé, pour transcription dans les registres du greffe ; ce qui entraîne d’office son anéantissement, conformément aux dispositions de l’article 31 de la loi 2016.30 du 8 novembre 2016 ». 

Dorcas GANMAGBA